Le clivage du moi normal

La question de l’existence d’un clivage du moi normal se pose au moins depuis 1908, quand Freud a montré qu’il existe chez l’enfant un clivage normal entre moi-plaisir et moi-réalité. J’ai repris la question sous cet angle dans un article à paraître dans le Journal de psychanalyse de l’enfant.

Elle a pris une importance nouvelle à l’occasion du débat entre Bleuler et Freud sur la schizophrénie en 1911. Bleuler faisait de la perte des associations, c’est-à-dire du clivage, le seul trouble primaire de la démence précoce, qu’il a rebaptisé « schizophrénie » pour cette raison. Freud soutient que ce n’est pas le clivage, mais l’abolition de la réalité, suivie de la création d’une néo-réalité délirante, qui est essentielle, et c’est pourquoi il aurait voulu imposer le terme de « paraphrénie ». J’ai repris cette discussion dans un livre d’entretiens avec Liuba Rakova-Carron, à paraître, qui s’appellera « Pourquoi des psychanalystes? ».

 Il résulte de cette discussion une description par Freud des clivages normaux du moi inconscient, qui se déforme et se clive pour servir chacun de ses trois maîtres. J’en ai parlé dans mon article « Les cavaliers du dimanche ».

Gérard Bayle, dont nous déplorons la disparition récente avait repris l’ensemble de ces questions dans son rapport au Congrès des Psychanalystes de Langue Française de 1996, “Le clivage et les défaillances de la fonction synthétique du Moi ». Il y avait apporté une solution originale en distinguant « clivage structurel » et « clivage fonctionnel ».

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