De l’élaboration de la violence et de la destructivité chez les patients schizophrènes et états-limites
La symbolisation peut être définie de façon générale comme l’opération par laquelle quelque chose va représenter quelque chose d’autre pour quelqu’un. Si elle peut apparaître ainsi comme la substitution d’un objet par un autre, elle est avant tout le résultat d’un processus qui suppose autant la capacité de représenter un objet absent qu’un sujet capable de savoir que le symbole n’est pas l’objet symbolisé. A ce titre elle est corrélative d’un véritable jeu de l’imagination, favorisant la constitution de la capacité à fantasmer et l’organisation d’un espace psychique, sous-jacent à l’organisation de limites entre le dehors et le dedans. Or le fonctionnement psychotique témoigne de troubles de la symbolisation, correspondant à deux économies différentes : soit le maintien d’une capacité projective qui inclue l’objet et permet la création d’une néo-réalité hallucinatoire et délirante pour surmonter l’angoisse d’anéantissement, comme dans la schizophrénie ; soit une répression des affects et un clivage du corps dans l’exclusion de tout travail projectif avec l’objet, comme dans le registre des psychoses non délirantes, souvent décrites comme psychoses froides (E. et J. Kestemberg) ou états-limites, où prédomine l’économie de la décharge et de l’agir auto- ou hétéro-destructeur dans le monde extérieur ou dans le corps propre. Ces deux solutions psychiques seront illustrées par le psychodrame psychanalytique individuel d’un patient schizophrène et d’un patient état-limite, qui permettront ainsi de montrer les enjeux de la solution psychotique et les conditions possibles d’une élaboration de la violence et de la destructivité dans un processus de symbolisation.